mind the (wine) gap
May 2, 2013 11:00 am

Par Coralie Grassin, auteur du blog Tea Time in Wonderland

Impossible d’y échapper. Au moindre repas avec des amis ou des collègues britanniques, le choix du vin vous est confié. Né sous la bannière Frenchie, vous ne pouvez qu’être qu’expert en la matière, voyons. Les premières fois, vous avez bien souligné vos lacunes. C’était avant de réaliser le gap culturel entre les deux pays…

Le plus grand choc vient sans doute du pub. Le choix crucial n’y est pas tant le cru que la taille du verre – 250 ou 500ml, l’ami ? Vous étiez habitué à siroter tranquillement, à décrire poétiquement les arômes : ah, ces notes cerise écrasées s’épanouissant sur le floral de la violette ! L’Anglais, souvent, n’y voit qu’un alcool comme un autre : « Yep, that’s pretty good, mate ». Le temps pour vous  de profiter du parfum, de la robe, de la première gorgée, il a déjà déversé la moitié de sa dose directement du récipient au fond de son estomac, sans passer par la case papilles. Sans compter sur le mélange vin blanc-tonic water, sacrilège !

On se découvre patriotique devant l’importance des vins du Nouveau Monde, mettant en avant des petites récoltes formidables de sa région, alors que l’on avait quitté la France par soif de différence. On s’affiche rebelle, à préférer les traditionnels bouchons en liège à ceux qui se dévissent, simplement pour l’élégance du geste. On tente d’expliquer l’importance de l’année sur une étiquette française. Ici, la législation ne permet pas de la mettre à moins de nommer le lot de production comme l’année en cours, allez comprendre. On affiche une franche déprime lorsqu’on vous demande de ramener de vos vacances une briquette de vin plutôt qu’un Riesling ou un Bourgogne.

Et voilà comment, passée la première année de lutte, vous aussi commencez à commander un grand verre plutôt qu’un petit dès l’apéritif. Hips.

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La chronique de Coralie et cette illustration ont été publiées dans le magazine ici-londres du mois de mai.

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7 Comments

  1. Le vin blanc ou rouge mélangé à du soda pétillant / limonade /tonic /coca, ça vient d’ici : le blanc, limé, le rouge limé… et ça doit commencer à sérieusement dater. Faut dire que le vin moyen a pas tjrs été aussi buvable qu’il ne l’est maintenant. Fût un temps ou le gros de la production était une sacrée piquette.

    Comment by vincent-b — May 2, 2013 1:22 pm
  2. Dommage de perdre le merveilleux moment de la….SAVEUR, de l’AROME et de la ROBE, sans oublier la CUISSE !

    Comment by mamabé — May 2, 2013 1:49 pm
  3. Ici, aux US, c’est déjà le prix de la moindre bouteille (ou verre d’ailleurs) qui me reste en travers de la gorge! Mon petit côtes du Rhone qui va bien à 7 euros me manque!

    Comment by Curiosités à NY — May 2, 2013 6:26 pm
  4. Bien vu! Ici aux US, on observe un phénomère rigolo : le vin est aussi servi dans des verres tellement grands que la moitié de la bouteille y passe (du coup, il faut en commander une pour deux personnes), le vin n’est pratiquemenet jamais servi chambré , mais glacé (gloups), et le verre est rempli à ras bord.
    Pas encore ce jour là qu’on fera une dégustation subtile, à poétiser sur les arômes, et compagnie. Et trouver du vin français de qualité est parfois difficile, surtout si on n’est pas à NY, mais à Houston, par ex (comme mi). (Trouvé du Pommard, cependant, récemment)
    Solution : prendre autre chose de très exotique : du vin de Géorgie, par ex ou du Liban, ça change carrément, et on se sent aussi novice que les camarades américains 😉

    Beau blog, merci! bonne suite

    Comment by Floreva — May 3, 2013 3:55 am
  5. A prévoir pour un prochain voyage, une bouteille de Vouvray ou Bourgueil, histoire de ne pas oublier le goût des bonnes choses !

    Comment by Nini — May 3, 2013 1:04 pm
  6. Il est étonnant que l(on constate maintenant le “gap” culturel concernant le vin.
    Tout à fait d’accord avec le commentaire de Vincent.
    Cependant, ce sont les Anglais qui ont consacré le “Bordeaux”, mais à l’époque le Bordeaux était “Clairet”. Plus rien à voir avec se qui se passe maintenant.
    Pour combler le “gap”, il faut instruire les étrangers de la notion de “terroir”, ce qui est complexe mais maintenant très bien mis en valeur par les nouveaux vignerons.
    Car en France, nous avons maintenant une nouvelle génération de vignerons (dont 30% de vigneronnes fières de l’être!) qui font extrêmement attention à la qualité dégustative de leur production. Chaque parcelle est un vin différent et il est devenu difficile d’être un expert.
    Le Languedoc fourmille de nouveaux crus, parfois déjà forts chers.
    Il ne reste plus qu’une solution: Acheter le Guide de Bettane & Dessaume édition 2013 et se laisser conduire dans des découvertes phénoménales.
    (Exemple: Un riesling à 380€ noté 20/20 et déclaré comme pouvant vieillir éternellement)
    ———————————-
    Le Hic, ma cave est déjà super-pleine et il y a tant de nouveaux vins qui y seraient très bien. Le Dernier en date: Un St Georges d’Orques acheté au Chateau de l’Engarran tout près de Montpellier. Le caviste m’a dit de ne pas y toucher avant 15 ans. Donc il est dans ma super-réserve dans une caisse en bois, intitulée 2028!

    Comment by eLaboureur — May 4, 2013 6:17 pm
  7. nom de dieu…
    j’ai réussi à “”eduquer”” un allemand et une polonaise en la matière.. prochaine etape? un ricain, fraichement débarqué en suisse.
    pourquoi jai de l’espoir? parcequ’il aime les fromages. Il a un du goût 🙂

    Comment by sophie — September 3, 2013 9:10 pm

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